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« Les écrans sont problématiques lorsqu’ils nous font négliger nos obligations »
Les réseaux sociaux et les jeux sont chronophages, tout le monde le sait. Mais est-ce grave ? Comment en juger ? On en parle avec Niels Weber, psychologue-psychothérapeute spécialiste de l’hyperconnectivité, auteur du livre pour adolescents « Les écrans, je gère » (Éditions Magenta).
Pourquoi parle-t-on d’hyperconnectivité et pas d’addiction aux écrans ?
Ce qu’on appelle « l’addiction aux écrans » reflète en réalité les mécanismes de rétention mis en place par les réseaux sociaux, les jeux et les plateformes de streaming pour inciter les utilisateurs à passer davantage de temps sur leurs services. Mais en médecine, on parle d’addiction seulement si l’on peut ressentir un effet de manque potentiellement dangereux. Ce n’est pas le cas pour les écrans, même si limiter leur utilisation peut engendrer de la frustration.
À partir de quand, justement, doit-on considérer les écrans comme un problème ?
Lorsqu’il y a une souffrance. Pour l’utilisateur, c’est par exemple la culpabilité de les privilégier à d’autres activités. Pour l’entourage, cette souffrance peut être liée à « l’absence » de la personne trop absorbée par son écran.
A-t-on une idée du nombre de personnes concernées en Suisse ?
Il est difficile de cerner ce sujet avec des chiffres. Après tout, on sait que notre société est hyperconnectée. Ce qui est problématique, c’est lorsqu’une personne néglige ses obligations ou ses besoins élémentaires à cause des écrans. Pour mesurer cela, il faudrait déterminer ce qu’elle a fait durant ce temps, mais surtout ce qu’elle n’a pas fait. Il faut aussi garder en tête que ces excès sont souvent symptomatiques d’un autre problème.
Avez-vous un exemple ?
Prenons un étudiant qui passe son temps sur les réseaux sociaux alors qu’il doit préparer des examens. Le fait-il à cause du pouvoir de rétention de ces derniers ? Ou pour échapper à l’anxiété liée à ses épreuves ? Dans ce cas, on peut penser que son écran fait partie d’une stratégie d’évitement qui trouve dans les réseaux un moyen efficace de diminuer son angoisse à court terme. En revanche, à moyen terme, cela peut s’avérer néfaste, puisque cela met en péril sa préparation.
Quelles peuvent être les conséquences de cette hyperconnectivité ?
Elles sont surtout indirectes. Rester assis trop longtemps dans la même posture ou négliger l’activité physique peut avoir des conséquences sur la santé. Idéalement, avant de se poser devant un écran et de se permettre de jouer ou d'aller sur les réseaux sociaux, il faudrait avoir accompli tout ce dont on a besoin du point de vue du bien-être personnel.
Trois conseils pour reprendre le contrôle sur les écrans
1. Fonctionner en équipe
Se fixer des objectifs communs, au sein de sa famille ou de son couple. Cela permet d’avoir quelqu’un d’extérieur qui vient ramener à la réalité et évite la pression de devoir se limiter soi-même.
2. Émettre une intention
Choisir le moment où l’on se connecte et l’objectif que l’on poursuit. Par exemple : consulter les stories de ses amis ou s’informer sur l’actualité. En évitant les contenus recommandés, justement faits pour attirer la curiosité.
3. Mettre un minuteur
La plupart des réseaux sociaux offrent la possibilité de bloquer momentanément leur accès au bout d’un temps donné.